The Room

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Vidéo, 4’35 », 2008

Ne plus avoir la possibilité de se cacher, être soumis sans rémission à un régime de visibilité intégrale, c’est à cela que le zoo condamne les animaux qui y sont enfermés. La « cage » est le contraire absolu du territoire non seulement parce qu’elle ne comporte aucune possibilité de fuite et d’évasion, mais d’abord parce qu’elle interdit le libre passage de la visibilité à l’invisibilité, qui est comme la respiration même du vivant.
Jean-Christophe Bailly, Le parti pris des animaux, 2013 –

Dans une cage de verre, une panthère tourne inlassablement, en répétant toujours exactement le même parcours. La vidéo est comme dilatée : saturée, ralentie, comme superposée avec l’image de la cage vide, soutenue par un son de battement sec et irrégulier, pulsant dans les basses. Progressivement, d’autres sons animaux se font également entendre, en arrière-plan.

A toutes les échelles, le regard est confronté à des signes qui troublent et démentent la répétition de la scène : les infimes variations de gestes du fauve, son regard furtivement fixé vers le dehors à chaque demi-tour, l’état fantômatique du corps superposé à l’espace vide, la relation flottante mais organiquement plausible entre le son et l’image. Pourtant, la boucle effectuée par l’animal dans l’espace semble produire une boucle filmique, dans un enfermement redoublé par le cadre de l’image.

Cette vidéo a été projetée dans le cadre de l’exposition de Gilles Aillaud Y compris des animaux au Musée de la Chasse et de la Nature, du 31 mars au 28 juin 2009.

Dans le cadre de la 9e Nuit Blanche à Paris, The Room a donné lieu à une nouvelle installation: une projection à grande échelle dans la cour du Musée de Chasse et de la Nature le 2 octobre 2010.

Dans le cadre des expositions Monuments & Animaux dans de nombreux monuments nationaux en France, The Room a été exposée à la Maison de Georges Clémenceau à Saint-Vincent-sur-Jard du 2 juillet au 2 octobre 2011.

Cette vidéo a fait l’objet d’une acquisition du Musée de la Chasse et de la Nature de Paris en Février 2012.

Dans le cadre du Festival Hors Pistes, elle a été projetée à l’Auditorium du Musée de la Chasse et de la Nature, le mercredi 8 février 2012, avec quatre films choisis par Philippe-Alain Michaud, conservateur et chef du service Cinéma expérimental au MNAM/Centre Pompidou.

Cette vidéo a été exposée à l’exposition personnelle ATOPIA au Muséum-Aquarium, musée d’Histoire Naturelle de Nancy du 25 janvier au 27 avril 2014. Commissaire: Jean-François Robardet.

The Room est visible dans les collections permanentes du Musée de la Chasse et de la Nature depuis le 3 juillet 2021, dans « La chambre de la Tique ».

Faux jumeaux

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Vidéo, 1′ 32, 2008

Dans un enclos, une gigogne se déplace avec élégance devant la caméra. Elle semble poser, soigner son image et ses mouvements pour le film.
Elle est dédoublée par une superposition de deux images dont une est légèrement décalée dans le temps. L’animal se déplace avec le double de lui-même comme suivi par son ombre dans un dialogue demeurant impossible.

Le silence des bêtes

série de 5 dessins

Série de 5 dessins, 2008  –  Fusain et encre sur papier, 21 x 29,7 cm

La tête renversée d’un singe les yeux clos est le dessin premier. Il rappelle à notre imaginaire le grand singe de fiction massacré par les hommes. Mais en fait, le macaque dort tranquillement, paisible; non plus crieur, tapageur, ou chanteur, là, l’animal est silencieux _ figurant le silence où tous les animaux se tiennent, séparé du langage humain.

Puis la main qui dessine, contourne des formes plus incertaines, entre singe et ours. Dénué de regard, devenu formes simplifiées, incomplètes, l’animal devient une évocation de son essence même, mouvement, force vitale, instinct.

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Chambres d’échos

série de 8 dessins

Extraits d’une séries de 8 grands dessins, 2008 – Technique mixte – 60 x 100 cm

L’animal qui n’a pas le sentiment de sa nudité est nu, écrit Jacques Derrida dans son livre posthume L’animal que donc je suis. Dans son ouvrage, le philosophe interroge à l’aune de la nudité animale celle de l’homme. Dans cette série de grands dessins se situant entre certaines fresques mythiques et l’estampe érotique le rêve de la femme du pêcheur d’Hokusaï, les deux nudités se cotoyent.

Qu’est-ce qu’un mythe ? « Si vous interrogiez un Indien américain, il y aurait de fortes chances qu’il réponde : une histoire du temps où les hommes et les animaux n’étaient pas distincts. » (Claude Lévi-Strauss)

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Le Pré

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Vidéo, 4′ 04, 2007

Un troupeau de vaches et de veaux charolais se trouve paisiblement dans un pré.
Au bout de quelques secondes, un deuxième plan vient s’incruster sur le premier plan, deux temporalités se mêlent et se déplient parallèlement. La plasticité de l’incrustation trouble la distinction visible entre les lignes du paysage et les formes animales.

Dans le regard d’une vache

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Vidéo, 6′ 51, 2007

Une vache charolaise broute dans un pré. Blanche comme certaines figures païennes ou magiques, l’animal effectue pourtant une occupation totalement banale. Il semble montrer une certaine curiosité pour la présence de la caméra mais avec nonchalance. Puis il se passe quelque chose: la vache cesse de brouter et fixe la caméra un bon moment.

Que perçoit-elle ? Que suis-je dans son regard ? Que se passe-t-il quand le regard d’une bête croise celui d’un être humain ? Cette question multiple du regard nous rappelle incontestablement le partage du visible entre les créatures du monde: le monde est regardé par d’autres êtres que les hommes.

L’image est ralentie considérablement, alors que le son est à une vitesse normale mis en boucle jusqu’à la fin de la séquence, se décalant puis se recalant par rapport à l’image.

Cette vidéo a été projetée au centre Georges Pompidou en 2008.

Celle qui ne dort pas

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Vidéo muette, 9′ 25, 2007

Une fenêtre s’ouvre sur un paysage de pluie superposée aux plis des draps d’un lit déserté. Les questions du lieu habitable et de la présence surviennent d’emblée.

Conçu comme un récit, l’écriture du film est une succession lente d’images flottantes, fragiles, perméables comme le sont les distinctions entre les images réelles du monde extérieur et celles des rêveries lors d’un semi-sommeil.