Un troupeau de vaches et de veaux charolais se trouve paisiblement dans un pré.
Au bout de quelques secondes, un deuxième plan vient s’incruster sur le premier plan, deux temporalités se mêlent et se déplient parallèlement. La plasticité de l’incrustation trouble la distinction visible entre les lignes du paysage et les formes animales.
Une vache charolaise broute dans un pré. Blanche comme certaines figures païennes ou magiques, l’animal effectue pourtant une occupation totalement banale. Il semble montrer une certaine curiosité pour la présence de la caméra mais avec nonchalance. Puis il se passe quelque chose: la vache cesse de brouter et fixe la caméra un bon moment.
Que perçoit-elle ? Que suis-je dans son regard ? Que se passe-t-il quand le regard d’une bête croise celui d’un être humain ? Cette question multiple du regard nous rappelle incontestablement le partage du visible entre les créatures du monde: le monde est regardé par d’autres êtres que les hommes.
L’image est ralentie considérablement, alors que le son est à une vitesse normale mis en boucle jusqu’à la fin de la séquence, se décalant puis se recalant par rapport à l’image.
Cette vidéo a été projetée au centre Georges Pompidou en 2008.
Une fenêtre s’ouvre sur un paysage de pluie superposée aux plis des draps d’un lit déserté. Les questions du lieu habitable et de la présence surviennent d’emblée.
Conçu comme un récit, l’écriture du film est une succession lente d’images flottantes, fragiles, perméables comme le sont les distinctions entre les images réelles du monde extérieur et celles des rêveries lors d’un semi-sommeil.
Extraits d’une séries de 8 dessins, 2007 – Aquarelle, collage et feutre, 21 x 29,7 cm
Bustes est une série de dessins répétant systématiquement un même principe d’assemblage: un socle tracé au feutre rouge avec les chiffres de leurs dimensions réelles sur la feuille, comme la projection fictive d’une installation dans un espace, ou comme les calculs objectifs, parfois erronés, de figures géométriques; le collage d’une photocopie de la photographie noir et blanc d’un buste, le même utilisé dans chaque dessin, une tête d’animal peinte à l’aquarelle.
Faisant se côtoyer la nudité humaine et la forme animale, ces dessins représentent des sculptures improbables, dénuées de symbolisme, opposées par leur assemblages incongrus aux statuaires magiques et rituelles.
Extraits d’une série de 10 dessins, 2007 – Technique mixte, 9 x 14 cm
Songes-devenir animal est issu d’une recherche éthologique et d’une observation du monde animal.
Cette série de dessins n’est ni un bestiaire symbolique, ni la représentation d’une faune « autobiographique ». Elle rassemble, comme un carnet de notes, comportements et formes animales pour questionner souvent implicitement ou par touches, le regard de l’homme sur l’animal et leur côtoiement singulier.
Extraits d’une série de 10 montages photographiques imprimés sur format variable, 2007
Ce travail est fait à partir de photographies de paysages et de performances de Juliette Fontaine, et de textes.
Si les paysages peuvent évoquer les voyages et l’errance hallucinatoire de Don Quichotte, les images ne figurent pas l’idéalisme rêveur et absurde du personnage de Cervantes. Souvent avec humour, les photographies des visages convoquent des images d’état d’aveuglement tel un mode d’emploi dérisoire et loufoque pour « faire l’autruche ».
Les textes courts parfois associés aux images sont des notes spéculatives comme liées à la contemplation des paysages.