Step to step

texte critique

Step to step, L’épreuve de l’espace, la contingence du présent

Dans de nombreuses installations interactives de Thierry Fournier, l’espace constitue une matière, beaucoup plus qu’un lieu. De manière récurrente, entrer dans l’un de ces dispositifs revient à pénétrer une matière sonore singulière, parfois étrange. Le son a toujours une présence physique forte, quasi organique, voire érotique (Electric Bodyland [1], Sirène [2]). Le déplacement du visiteur dans l’espace infléchit le son, qui est « sculpté » par sa présence.

Dans Step to step (« d’un pas à l’autre », « d’une marche à l’autre »), le visiteur ne se déplace pas à l’intérieur d’une pièce musicale comme dans Electric Bodyland, il ne s’infiltre pas non plus dans la matière sombre de sons troublants par leur animalité comme dans Feedbackroom [3], mais il doit une fois encore éprouver l’espace. L’installation dispose dans la pénombre et face à face la vidéo grandeur nature d’un coach (Sébastien Le Gall) donnant un cours de step et un socle blanc posé au sol devant l’image. La symétrie entre le step et le socle, ainsi que le cours dispensé par le coach, invitent à explorer le dispositif. Poser un pied ou monter sur le socle ralentit alors aussitôt la musique, les mouvements du coach et sa voix, malaxée comme une glaise bien que toujours compréhensible. Mais cette emprise sur l’image n’est qu’apparente : par une réaction inévitable de réflexe conditionné, le visiteur se met à l’imiter, devenant alors manipulé par elle. On ne sait plus lequel des deux est l’arroseur ou l’arrosé, ni qui singe qui. C’est l’aspect humoristique de l’installation : l’imitation impossible devient un jeu absurde et burlesque basé sur l’empêchement, qui évoque notamment Buster Keaton. De ce fait, la question de la prise de pouvoir de l’un sur l’autre est toujours rejouée dans un inversement des rôles, avec une intelligente ironie.

La mise en jeu du visiteur est notable puisqu’il faut traverser l’espace, aller en son centre, monter sur un socle. En d’autres termes, on est invité à s’exposer. Rester à distance du dispositif priverait de l’expérience de l’œuvre. Il faut l’explorer, faire l’expérience un peu déroutante de quitter la familiarité rassurante de l’intime, celle sécurisante de l’invisibilité ou de la discrétion, et entrer dans un espace à découvert et collectif. En outre, chaque individu est amené à faire l’expérience non seulement de son propre rapport à l’espace, mais également de l’altérité des autres visiteurs et du coach, d’autant plus soulignée qu’il est une image projetée, et non un corps présent. Dans cette attente de la confirmation de sa propre présence par autrui, le corps est au centre du regard de l’autre. Cette question du regard et de l’altérité se manifeste également d’une autre manière. Le socle sur lequel se pose le visiteur est en face de la projection, c’est un face à face, de step à step, et finalement d’égal à égal. Dans son absence présente, le coach regarde le visiteur, il s’adresse à lui, lui fait signe, l’apostrophe, alliant l’énergie et la bonhomie. L’effet de miroir est presque parfait puisque le « step » du coach est exactement aux mêmes dimensions que le socle placé dans la salle, et que la distance du coach au plan de l’image est la même que la nôtre. L’image pourrait être notre reflet – mais nous sommes face à un autre.

Dans La phénoménologie de l’esprit [4], Hegel écrit : « Le maintenant est justement ceci de n’être déjà plus quand il est » . S’il on prend cette phrase comme une évidence éclairée, elle devient une sorte d’impasse magnifique qui ouvre des champs de réflexion très vastes. Mais elle écrit un territoire qui demeure finalement comme une clairière inhabitée : un jardin riche, certes touffu, mais d’un certain angle de vue infécond. Le constat est imperturbable : le temps présent est insoluble. Eprouver le temps présent, mais plus encore tenter de formuler ce qu’il est, serait comme vouloir attraper de ses mains nues un poisson dans l’eau d’une rivière. Avec Step to step, nous faisons de manière empirique l’expérience de cet espace-temps fluctuant, glissant, et finalement indéterminé, improbable. Un espace-temps insoumis, insurgé, formant tout à la fois le temps instantané et le temps inexistant, dans le rapport troublant du présent à la présence du corps. Mon corps est dans l’instant présent, mais que vit-il de cet instant, qu’en perçoit-il par l’intelligence et les sensations – les deux étant inséparables –  et qu’est-ce que mon corps gardera en mémoire de ce présent devenu déjà passé ? Cette dernière partie de la question reste sous-jacente dans l’installation qui nous immerge résolument dans un présent pur : notre corps sur le socle est en action, devant un corps projeté en action aussi, et nous ne pouvons avoir le recul nécessaire pour cette réflexion qu’en en sortant. Cette conjonction irrésolue est dessinée par l’impossible imitation des gestes du coach par le visiteur. On éprouve alors le présent comme un instant fuyant le présent de nos sensations. L’image de Sébastien Le Gall devient le point de fuite perpétuel d’un horizon inatteignable.

L’installation A+ [5] proposait une expérience tout aussi déconcertante du temps quoique très différente. Inscrit hic et hunc, notre corps, par une distorsion temporelle saisissante, voyait l’image de ce qui s’était passé au même endroit avec un décalage exact de 24 heures. Step to step procure en revanche une notion contradictoire du temps présent : il n’existe qu’en tant qu’il se nie. La métaphore qui le décrit comme un point sur une ligne où l’on ne peut que passer devient une expérience palpable, un vécu brutal prouvé concrètement par le dispositif. Le poids du corps sur le socle ralentit l’image jusqu’à presque la geler, sans jamais toutefois totalement l’immobiliser : soit nous renonçons à saisir le sans-cesse fuyant insaisissable, soit nous l’immobilisons en demeurant incapable d’éprouver, et donc de décrire, ce point presque mort.

Juliette Fontaine, avril 2009


[1] Thierry Fournier, Electric Bodyland, installation sonore interactive, 2003.

[2] Sirène, installation interactive (avec Samuel Bianchini), 2006-2007.

[3] Feedbackroom, installation interactive, 2007.

[4] Georg Wilhelm Friedrich Hegel, La Phénoménologie de l’esprit, Vrin, 2006, p. 80

[5] Thierry Fournier, A+, installation vidéo, 2008

Sentinelle 1.0

texte

Juliette Fontaine, 2008.

Nous n’aimons guère considérer les animaux que nous avons transformés en esclaves comme nos égaux. (Charles Darwin)

Notre relation à l’animal a changé profondément, et inéluctablement. Cette modification questionne notre rapport au monde, lui aussi modifié. Les traces de cette modification vont bien au-delà de la domestication de l’animal par l’homme et de toutes autres exploitations violentes du monde animal. Par ailleurs, poser la question de l’animal engage une pensée de ce que veut dire vivre, parler, mourir, être au monde, c’est un profond questionnement de ce que Derrida appelle successivement « être-dans-le-monde, être-au-monde, être-avec, être-après, être-suivi et être-suivant ». Penser la question de l’animal élargit la pensée que nous pouvons avoir du monde, et de notre rapport avec lui.

Le mot sentinelle a une étymologie latine éloquente, au-delà de son sens militaire. Le mot vient du verbe sentire qui signifie « percevoir par les sens ».Le titre convoque un des éléments importants du projet, la notion d’Umwelt, un environnement perceptif, ce monde vécu par l’animal étudié par Jacob Von Uexhüll, car dans l’immense diversité de la nature, chaque animal a son propre monde plus restreint. Ce monde est un monde de signaux, signaux que l’animal capte avec son système sensoriel particulier, signaux auxquels il réagit. De plus, le mot est au singulier alors que le film met en présence deux bêtes. Par là, il devient la qualification d’un symptôme ou d’un état : l’être-sentinelle. Il souligne un comportement stigmatisé par l’enfermement, la captivité d’un zoo, rendant à peu près identiques les deux animaux du couple, deux clones muselés, qui, pour cette fois-là, nous révèlent une première version, 1.0, de cette charge que l’on donne communément aux soldats, de faire le guet. Ce sens suggéré est bien sûr symbolique, une sorte d’allégorie d’un état de guerre possible, plus largement d’une menace, d’une situation périlleuse, inquiétante. De même, la formulation 1.0 met en évidence que le couple des deux carnivores constitue lui-même un dispositif qui produit une protection mais aussi une surveillance. Tout comme deux soldats en faction qui, pour reprendre l’étymologie militaire du terme sentinelle, protègent un territoire et peuvent être amener à le défendre par une stratégie offensive.

Le choix de l’animal est important : ce n’est pas un singe ou un primate, le symbole aurait été trop fort et aurait réduit le sens de la proposition. Mais la mangouste se dresse sur ses pattes, elle sait la station debout, elle est en devenir-bipède. Elle peut regarder plus loin, observer à l’horizon l’apparition inattendue d’un danger, ou celle de sa nourriture. Cette question du regard rehaussé, élargi, nous rappelle aussi le « partage du visible entre les créatures du monde » (Jean-Christophe Bailly) qui est un des points de départ de ce travail. Le monde est regardé par d’autres êtres que les hommes, qui ne sont qu’un fragment d’une vaste unicité du vivant.

Sentinelle 1.0 est le plan fixe d’un couple de mangoustes mis en boucle cinq fois. Il s’agissait tout d’abord de filmer l’animal comme le définit Gilles Deleuze : « l’être aux aguets », l’être qui émet des signes et qui réagit à des signes. L’animal est sauvage mais, même si volontairement aucun indice d’enfermement n’est visible à l’image, il est dans un zoo. Les mangoustes réagissent donc à des signes sonores qui ne sont pas issus de leur environnement naturel : le grondement sourd et lointain du métro parisien, le murmure urbain, le gloussement étrange d’un autre animal du zoo, les ricanements stridents de corneilles qui se disputent le territoire d’un arbre à proximité, les piaillements beaucoup plus discrets de moineaux. L’animal nerveux à l’affût, intranquille, se dresse, regarde de tous côtés, s’assoie gardant relevée une de ses pattes avant frémissante. Elle semble vouloir fuir ou se protéger à tout moment d’un prédateur potentiel. Puis la deuxième mangouste entre dans l’image. Elle rejoint l’autre, tourne sur elle-même pour s’asseoir à son tour, touche de sa queue touffue la queue de l’autre bête, tourne sur elle-même une seconde fois en repoussant doucement son compagnon qui quitte l’image. Elle a pris la relève de la garde du territoire. Le territoire est un sol de pierres et de sable blanc, une métaphore visuelle de la neige en pleine nature. Cette part de désert a été circonscrit et imposé par l’homme, même si le mammifère semble dans son comportement manifester tout son être réactif, instinctif. Un seul signe pourtant de déviance : tourner sur soi-même avant de s’asseoir, tourner en rond comme le fauve dans sa cage, comme l’homme dit fou répétant un geste compulsif, ruminant inlassablement une ritournelle. Le plan mis en boucle cinq fois vient souligner ce trouble.

J’ai longuement observé le déplacement de ces deux viverridés dans leur territoire contraint pour choisir le cadre de l’image, lui conférant un sens précis : entrer et sortir d’une image comme d’un territoire. Au cours de mon observation, j’ai d’abord été stupéfaite par leur « chorégraphie » écrite, presque ritualisée comme on ritualise dans un espace dans lequel on n’est pas chez soi, pour inscrire ses repères, même si cette image reste anthropocentriste. Puis, à un moment, ce que je regardais m’a mise mal à l’aise. La répétition obsédante de cette « danse » élégante dans les mouvements et les déplacements m’a paru désolante. Elle m’évoque clairement aujourd’hui quelque chose de la survie, et de la survivance.

De la survivance d’un instinct malgré la perte du territoire natif, la délocalisation forcée. Si toutefois, ce comportement est peut-être le vestige d’un langage, ou d’un code gestuel entre les deux bêtes, que reste-t-il vraiment de l’instinct à un animal sauvage enfermé dans un zoo, dans un constant contact avec l’animal politique qu’est l’homme ? Et dans cette réclusion, lorsqu’il arrive que l’animal croise le regard de l’homme, comment perçoit-il ce dernier ? Comme un prédateur possible ? Un être étrange, imprévisible, déréglé ? Quel regard porte-t-il sur ce dernier ? Car je crois, comme l’écrit Jacques Derrida, que l’animal qui me regarde a un point de vue sur moi.

L’animal a été sur terre avant l’homme, il s’en souvient. Il me semble que l’on peut percevoir cet avant quand on rencontre le regard d’une bête, ce qui crée un trouble étrange, difficile à expliquer, comme si devant cette sorte mémoire archaïque, la bête nous « rappelait » que nous descendions d’elle, que ce qui nous différencie d’elle n’est qu’une question de degré. En filmant avec attention les deux mammifères, même s’il n’y a pas eu vraiment d’échange de regard, j’ai ressenti très fortement être en face de cet avant, de cette précédence. C’est pour cette raison que j’ai filmé volontairement sans pied. De cette manière, mon corps qui portait la caméra était le prolongement de mon propre regard, avec les ondulations ténues des mouvements de ma respiration. Autrement dit, ce fut un face à face, paisiblement déroutant, augurant, naïvement peut-être, la possibilité d’une rencontre. Le cadre de l’image, qui est aussi un regard, a été pensé à l’amont, de manière à ce que lorsque l’une des deux mangoustes se dresse, elle apparaisse au milieu de l’image, et qu’elle sorte de l’image lors de la relève de l’autre sentinelle. Mais l’image a été recadrée par la suite pour le bouclage, pour que la « soudure » soit quasiment invisible, en d’autres termes, pour que la relève de la deuxième bête se fasse au même endroit que l’apparition de la première au début du rush. Cet aspect du travail est important. Si dès le départ, j’ai voulu ne pas montrer à l’image des signes de la captivité (barreaux, encadrement délimité de l’espace…), le bouclage recrée un enferment et une mise à distance. Ceci pour éviter tout d’abord l’empathie et sa contagion, pour objectiver ce qui se joue à l’image, mais aussi, en manipulant la répétitivité de l’animal, en l’instrumentalisant comme une machine, un mécanisme, la vidéo devient un dispositif de jeu de pouvoir, comme les autres dispositifs de Conférences du dehors. Le public qui regarde, espérant peut-être un croisement de regard avec les animaux, devient également l’humain qui a enfermé la bête.

L’homme a perdu une intimité avec le monde animal comme la perte d’une provenance, d’une souche. Malgré cette rupture, il demeure un côtoiement possible. Ce côtoiement est l’expérience d’un seuil, d’un lien ténu mais survivant. « L’intimité perdue est indiquée par un seuil où la perte s’inaugure ». Ce seuil est évoqué par la projection du film en boucle sur un mur de l’espace. C’est une fenêtre sur un dehors mais c’est aussi un espace autre, inaccessible, dans lequel on ne peut pas rentrer physiquement. Durant la projection, la comédienne se déplace dans la salle au milieu des spectateurs, comme cherchant son propre territoire ou un refuge dans cet intérieur qu’elle partage avec eux. Deux espaces se frôlent à distance. Car s’il y a encore côtoiement, il y a une fracture, une limite abyssale entre l’homme et l’animal. Cette frontière n’est pas une et indivisible, mais elle est multiforme. Elle ne peut être dessinée, tracée. Elle ne peut donc être objectivée. L’ignorance de la vidéo par la comédienne est une nouvelle fois importante car regarder les mangoustes projetées dans l’espace aurait annulé la complexité de la frontière entre les deux territoires.

Cette tension entre les deux espaces (la vidéo et la salle de représentation) met en évidence la survivance de ce côtoiement avec l’animal, voisinage complexe fait d’évitements, de dissimulation et de méfiance réciproques, et non plus de continuité homogène. Par ailleurs, s’il n’y a pas d’échange de regard entre l’animal filmé et la comédienne, c’est aussi pour une autre raison. Si comme l’écrivait Nietzsche, l’homme est un animal indéterminé, l’animal devient l’Autre absolu, allogène, inconsolé d’un monde sauvage perdu et autrefois partagé paisiblement avec l’homme. Lorsque Derrida parle du regard de l’animal sur l’être humain, il écrit que son point de vue sur l’homme est celui de l’Autre absolu. Cet Autre absolu est peut-être une rencontre impossible, même s’il éveille justement le désir d’aller à sa rencontre – le désir n’est-il pas en soi ce qui tend vers tout autre chose, vers l’absolument autre, nous mettant en rapport avec l’invisible, c’est à dire avec ce dont on n’a pas idée ?

La posture choisie selon laquelle la comédienne ne tourne jamais son regard vers les animaux filmés, ignorant totalement la projection durant ses déplacements, soulève cette question de l’altérité. Elle se déplace parmi les autres, pose sa tête sur l’épaule d’autrui, s’appuie sur celle ou celui qui lui est étranger. De plus, l’autre est celui avec lequel on partage, on agence un territoire, dans lequel on dessine des limites. Les déplacements dans le public de la comédienne sont ambivalents, car si elle recherche un refuge dans l’espace, elle le contrôle aussi, tout comme elle choisit de s’allonger près d’une personne en imposant la proximité de sa présence, de son corps. On retrouve cette ambiguïté dans la projection du film Sentinelle 1.0, car l’ignorance des regards est réciproque, les animaux ne regardent pas la caméra, et par extension ne regardent ni la comédienne manifestant son indifférence à leur égard, ni le public qui les regarde. Ce dehors qu’ils surveillent, qu’ils traquent est une partie du zoo, mais c’est aussi l’espace de la représentation.

Parce qu’il tend à disparaître de la surface de la terre, « par rapport à cette direction qui semble inéluctable, tout animal est un commencement, un enclenchement, un point d’animation et d’intensité, une résistance ». Autour de la question centrale de l’accès, le projet de Conférences du dehors parle également de résistance. Celle autant d’un positionnement politique (Ministère de l’intérieur de David Beytelman, A domicile de Thierry Fournier), que celle purement physique d’une performance dans laquelle le corps éprouve ses limites, se met en risque. L’espace de la représentation, un espace physique, devient un espace politique, ce dans quoi la question du pouvoir autoritaire se pose et se joue.

Notre monde est un enchevêtrement à la fois de plus en plus complexe et de plus en plus cloisonné, compartimenté ; comme l’évoque David Beytelman dans ses entretiens, il faut pouvoir rentrer dans un des tirroirs fabriqués par la société capitaliste. Dans cet entrelacement, de plus en plus d’hommes luttent pour survivre et deviennent invisibles. Il y a cette nudité cruelle dans La Bonne Distance de Noëlle Renaude, jusqu’à l’abandon des forces (Frost de Thierry Fournier et Jean-François Robardet) où l’homme se suicide en se rendant à la puissance de la nature. Dans cette continuité, Sentinelle 1.0 réintroduit l’animal dans tous ces mondes humains, résistant et luttant lui aussi contre sa propre disparition.

[1] Jacques Derrida, L’animal que donc je suis, Galilée

[2] Jean-Christophe Bailly, Le versant animal, Bayard, 2007

[3] Jean-Christophe Bailly, ibid.

[4] Jean-Christophe Bailly, ibid

Image : Sentinelle 1.0, performance, Juliette Fontaine (vidéo) et Thierry Fournier (performance et mise en jeu), série de performances Conférences du dehors, 2008

On the other side

vidéo

Vidéo, 3′ 56, 2009

Sur le son sourd et grave d’une irruption volcanique, dans une image inversée, une femme recule dans un champ de blé pour disparaître dans le paysage.
Le sens du titre est inspiré du titre français du livre de Lewis Carroll De l’autre côté du miroir, suite d’Alice au pays des merveilles, récit dont une des clefs, avec la parodie et le non-sens, est l’inversion.

Rien que le blanc à songer

vidéo

Vidéo muette, 4′ 20, 2009

Filmé de la fenêtre ouverte d’une voiture, défile lentement un travelling de la montagne Sainte-Victoire, objet d’une soixantaine de toiles de Paul Cézanne. Selon une étude géologique récente, le massif serait toujours entrain de grandir…
Ici, la couleur du paysage est comme distendue, diluée, baignée de blanc; une pure vibration lumineuse menacée de disparition comme pouvant être consumée par l’incendie de sa propre luminosité.
Le titre est emprunté à des notes écrites par Arthur Rimbaud lors de son passage, dans la neige, du massif alpin Saint-Gothard.

Jachère

vidéo

Vidéo et films super 8, 26’17, 2009

Ce film est construit d’un tissage de bribes de films super 8 de mon enfance et de passages de vidéos récentes : une sorte de projet autobiographique à deux « voix » dont l’une brouille l’interprétation de l’autre, dans une narration non linéaire, parfois entrecoupée, parasitée par des sortes de réminiscences, des « jets » d’inconscient, figurés notamment par l’apparition fantomatique de méduses. Quelque chose du tropisme. Les traces filmées du passé ne constituent pas de récit rétrospectif organisé selon une logique temporelle tout comme les souvenirs d’un enfant apparaissent dans l’ordre dicté par ses sensations : la sensibilité prime sur la réflexion.

Deux notions du temps s’imbriquent : le temps du souvenir comme des morceaux préfabriqués réintroduits dans la temporalité quasi-organique d’une écriture, et le temps du film.

Start a war

série de 23 dessins

Extraits d’un carnet de 23 dessins, 2009  –  Technique mixte, 9 x 11 cm

startawar_04

startawar_05

startawar_06

startawar_15

startawar_19

Des formes simples, évoquant des éléments de paysage ou des formes organiques, se métamorphosent, se multiplient, se complexifient, comme une prolifération cellulaire.

Une partie de cette série a été présentée à l’exposition personnelle ATOPIA au Muséum-Aquarium de Nancy du 25 janvier au 27 avril 2014. Commissaire: Jean-François Robardet.

Himmel darüber

série de 12 images numériques

Extraits d’une série de 12 images numériques, 2009  –  Format modulable

« Himmel Darüber » (« Ciel au-dessus » en allemand) est une série de 12 images numériques. Il s’agit d’un choix de toiles de maîtres inscrits dans l’histoire de l’art: Constable, Boudin, Turner, Vermeer…

Les tableaux sont des paysages dont la partie « terrienne » est systématiquement recouverte d’un monochrome dont la teinte est issue de la palette confectionnée par le peintre pour exécuter l’espace du ciel.

Ce travail inspira la proposition plastique d’une autre forme pour une publication aux Editions Isabelle Sauvage en collaboration avec Agnès Langlais (texte): Ne comble pas cette attente, 2009.

himmel_01

himmel_02

himmel_10

La Foule

vidéo

Vidéo, 3’21, 2009

Le film est constitué d’images glanées sur internet du rendez-vous annuel en Afrique des flamands roses pour leur reproduction. Les images de mauvaise qualité deviennent un grouillement, parfois une « chorégraphie » de pixels sur une pièce sonore construite à partir d’une chanson titre des années 80 mixée avec des chants d’oiseaux.

Cette vidéo a été présentée à la 5e édition des Rencontres Internationales Sciences et Cinémas à Marseille en novembre 2010.